4 juillet 2023

Typographies, polices et émotions : une relation intime et efficace en communication

Pourquoi certains contenus vous « parlent » plus que d’autres ? Pourquoi, à la lecture d’imprimés ou de pages web, vous pouvez immédiatement ressentir l’émotion qui se dégage du texte ?

C’est grâce, en partie, au choix de la typographie. Sa forme, sa taille, sa couleur, l’utilisation du gras, de l’Italique, du soulignement ou des mots barrés, renforcent tantôt l’impression de légèreté, tantôt le sentiment d’urgence ou d’importance. En effet, les typographies peuvent être mises au service des émotions, et donc, de la communication. Décryptage.

La psychologie des typographies 

L’étude de la psychologie des typographies se concentre sur l’influence des polices d’écriture et de leur disposition sur les émotions des lecteurs. Dans la mesure où la typographie influence, elle aussi, la décision ou l’acte d’achat, son choix est primordial. 

Le choix d’une police et son impact émotionnel 

Il existe de très nombreuses polices dont chacune dispose de ses propres associations émotionnelles. Classées par familles, voici les principales.

  • Serif

Les polices Serif, comme Times New Roman ou Garamond pour les plus connues, sont parmi les plus anciennes. Les empâtements qui dépassent des lettres en haut comme en bas, viendraient des traces laissées par l’encre au moment du levé de plume. Parmi les plus utilisées et les plus courantes, les polices Serif sont celles de la littérature et des journaux : empreintes de sérieux, de tradition et de dignité.

 

 

  • Sans serif

À l’inverse, les polices Sans Serif terminent leurs lettres de façon nette. Beaucoup plus récentes, à l’image d’Arial ou de Verdana pour ne citer qu’elles, sont nées avec l’essor de la publicité, aux environs du XIXe siècle. Minimalistes, ces polices d’écriture sont particulièrement utilisées sur écran en raison de leur grande lisibilité. Elles inspirent la pureté, la simplicité, la modernité et la franchise.

 

 

  • Script ou Cursive

Les polices rangées dans la famille Script ou Cursive imitent l’écriture manuscrite. À ce titre, elles peuvent être difficiles à lire, surtout dans le corps d’un texte. C’est pourquoi, la plupart du temps, Pacifico, Lobster ou encore Rochester, sont utilisées pour les titres ou pour un logo. Élégantes, ces polices, encourageant la proximité et la décontraction, mais aussi la créativité et la personnalisation.

 

 

  • Fantaisistes ou décoratives

Toutes les polices qui n’entrent dans aucune autre famille peuvent être considérées comme fantaisistes ou décoratives. En dehors des opérations publicitaires, ces polices souvent originales et parfois complexes sont assez peu utilisées. En fonction de l’impression ou de l’image à renvoyer, elles peuvent emprunter aux caractéristiques d’une ou plusieurs familles typographiques à la fois. Grunge, CrashCTT ou Art Nuvo Stamps, ces polices inspirent différents sentiments selon leur esthétique et le contexte d’utilisation.

 

 

Une étude menée en 2023 par l’agence Monotype pour la Réclame montre à quel point les ressentis peuvent être exacerbés et très différents à la lecture d’un même mot écrit à l’aide de polices différentes. Honnête, sincère, pertinent ou visible, tout est — notamment — une question de typographie.

Comment choisir la bonne typographie émotionnelle 

Toujours d’après cette étude, la typographie influe sur la reconnaissance d’une marque, son identification, et sur l’assurance, la confiance qu’elle renvoie à ses clients. En résumé, choisir une typographie en fonction de l’émotion à transmettre, peut offrir un véritable avantage concurrentiel.

Viser la lisibilité pour transmettre une émotion claire

Quel message peut se vanter de sa pertinence et de son efficacité s’il ne peut pas être lu ? Bien sûr, les courbes d’une typographie évoquent tantôt la douceur, la gourmandise, l’harmonie ou la régularité d’un objet ou d’un concept. À l’inverse, une police aux lignes abruptes laisse plus facilement place à la rigueur, au sérieux ou à la logique. 

Pourtant, à cause d’une typographie mal choisie, quand les mots s’entrechoquent et que la lecture devient difficile, le message risque d’être perdu ou tout simplement dilué.

À noter que les couleurs, le contraste, le gras, l’italique, l’espacement et la mise en page jouent également sur la lisibilité et la sensibilité d’un texte, quel que soit son support.

De la cohérence pour parler au cœur et aux valeurs

Les polices d’écriture et leurs typographies, comme tout élément graphique, véhiculent des sensations, des impressions et des ressentis. Aussi, accorder leur vibration à celle du message à transmettre est essentiel.

Harmoniser des polices comme Happy Monkey ou Dancing Script, avec la communication d’un service de pompes funèbres ou d’une agence d’analyse de l’eau peut s’avérer délicat. Parce que leur message s’adresse à la sphère privée, intime, évoque le respect ou l’expertise, Anton ou Oswald sont des typographies plus adaptées par l’impression de solidité, de sécurité et de régularité qu’elles dégagent.

 

Pour atteindre son audience et la toucher en plein cœur, pour faire parler les émotions et entrer en adéquation avec ses valeurs, un message doit être cohérent : ses mots, sa typographie, leur mise en page, leurs couleurs… 

Choisir la bonne typographie pour parler à son audience

Un même mot peut susciter plusieurs réactions en fonction de la police d’écriture utilisée. Ainsi, le choix d’une typographie plutôt qu’une autre peut orienter le message et laisser une impression différente à chacun.

Avec un fonctionnement équivalent à celui de la psychologie des couleurs, l’approche typographie et émotionnelle d’un message donne à une marque ou à une entreprise, la possibilité de renforcer sa relation avec son audience ou sa communauté.

2 erreurs à éviter dans le choix des typographies

Comme toujours en matière de communication, il y a les « do » et « don’t ». Au moment de choisir la typographie de votre prochaine compagne, certains écueils sont donc à éviter.

L’excès de typographies qui brouille le message

Dans un même document, qu’il soit court ou long, web ou print, plusieurs polices peuvent être utilisées. Il est toutefois recommandé de ne pas dépasser deux ou trois polices au maximum, dans le but de proposer un message lisible.

De la même façon, l’harmonie des typographies est importante. Serif et Sans Serif s’accordent bien, de même que deux polices contrastantes pour distinguer facilement ce qui est important de ce qui l’est moins.

À l’inverse, les polices d’ambiance trop éloignées sont à éviter, de même que les polices qui se ressemblent trop. Cabin pour les titres et Tenor Sans pour le contenu font par exemple, une bonne association.

Suivre la tendance au détriment de l’émotion

La typographie possède ses propres tendances. En 2023, la mode est aux empattements, aux polices surdimensionnées et aux traits très épais, sans oublier le retour du rétro. Pour autant, si ce style ne convient pas à une marque, à ce qu’elle renvoie, à ses valeurs ou à la nature de son message, elle peut en choisir un autre. Heureusement, certaines typographies présentent l’avantage de s’adapter à toutes les situations : 

  • Helvetica, née de l’imagination du designer Max Miedinger en 1957,
  • Verdana, optimisée pour la lecture sur écran,
  • Futura, initiée par Paul Renner peu avant 1930 et inspirée du mouvement artistique Bauhaus.

Une autre option consiste à créer soi-même la police parfaite pour accompagner une communication. Imaginer un concept, travailler des sketchs, utiliser des guides, mais surtout, laisser parler son imagination. Autant d’étapes pour une exploration fertile et typographique.

© Bloody Mary 2023

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